Le canal de la Garonne à vélo, c’est un itinéraire idéal pour se lancer dans le voyage itinérant sans se mettre dans le rouge. Plat, bien balisé, jamais très loin d’une gare ou d’un village, mais assez dépaysant pour avoir l’impression de vraiment partir. Si vous préparez votre premier voyage ou que vous cherchez un parcours “roulant” pour avaler du kilomètre sans souci de dénivelé, il coche beaucoup de cases.
Canal de la Garonne : présentation rapide de l’itinéraire
Le canal de la Garonne, c’est la partie “ouest” de la célèbre véloroute entre Méditerranée et Atlantique. Sur la carte, il relie Toulouse à Castets-en-Dorthe (près de Langon), où il rejoint la Garonne. En pratique, beaucoup de cyclistes prolongent :
- soit vers Bordeaux par la piste de la Garonne,
- soit vers le canal du Midi côté Méditerranée.
Quelques repères pour situer :
- Distance Toulouse – Castets-en-Dorthe : ~ 190 km
- Distance Toulouse – Bordeaux (via canal + Garonne) : ~ 260 km
- Dénivelé positif : négligeable (quelques faux-plats, montées de ponts, c’est tout)
- Terrain : alternance d’enrobé, chemins stabilisés, parfois gravier ou racines sous les platanes
- Balisage : globalement bon (Scandibérique / V80), mais pas parfait partout
On roule très souvent sur la berge du canal, au milieu des écluses, des platanes et des péniches. Le revers : ça peut devenir monotone si vous avez besoin de relief ou de variété visuelle. À savoir avant de partir.
Dans quel sens le faire, et à quelle période ?
Le sens le plus logique pour beaucoup : Toulouse → Castets-en-Dorthe / Bordeaux.
Pourquoi :
- On suit le courant “mental” vers l’Atlantique.
- Logistique train assez simple vers Toulouse et depuis Bordeaux.
- Vent d’ouest parfois défavorable, mais ça reste variable. Ne faites pas votre choix uniquement sur la météo théorique.
Périodes recommandées :
- Avril – juin : très bon compromis. Pas trop de chaleur, jours déjà longs, campings et hébergements ouverts.
- Septembre – début octobre : températures agréables, moins de monde, vignobles en activité côté Gironde.
- Juillet – août : faisable, mais chaleur potentiellement violente, surtout sur les sections sans ombre, et beaucoup de monde dans certains campings.
Évitez si possible :
- Les gros épisodes pluvieux : certaines sections en chemin peuvent se transformer en bourbier.
- L’hiver : jours courts, météo parfois pénible, beaucoup de services fermés (campings, guinguettes d’écluse, etc.).
Combien de jours prévoir ? Exemples de découpes d’étapes
Tout dépend de votre forme, de votre vélo (VD, gravel, VAE, vélo chargé pour le camping…) et de votre façon de voyager (photos, visites, ou “je roule” ?). Voici quelques découpes types pour vous aider.
Version “découverte tranquille” – 4 à 5 jours (Toulouse → Bordeaux)
Profil : premier voyage, ou envie de prendre son temps, de visiter et de profiter des terrasses.
- Jour 1 : Toulouse → Montech / Moissac Distance : 50–70 km Terrain facile. Vous sortez de la ville, rejoignez le canal, puis enchaînez les écluses. Moissac est une bonne base (abbaye, commerces, hébergements variés).
- Jour 2 : Montech / Moissac → Agen Distance : 55–65 km Section agréable avec le passage sur le pont-canal de Moissac. Agen est une vraie ville : toutes les commodités, gares, hôtels, campings, restos.
- Jour 3 : Agen → Marmande / Meilhan-sur-Garonne Distance : 50–60 km Alternance de pistes en bord de canal et petites routes. Marmande et ses environs offrent campings, chambres d’hôtes, hôtels.
- Jour 4 : Marmande → Castets-en-Dorthe → Langon / La Réole Distance : 40–50 km Fin “officielle” du canal à Castets-en-Dorthe. Vous pouvez dormir à Langon ou La Réole selon vos réservations.
- Jour 5 (facultatif) : Langon / La Réole → Bordeaux Distance : 45–65 km selon la variante Piste cyclable le long de la Garonne, quelques sections partagées, mais globalement roulantes.
Version “sportive mais raisonnable” – 2 à 3 jours
Profil : cycliste déjà habitué à faire 80–120 km / jour, vélo plutôt roulant, sacoches pas trop lourdes.
- Jour 1 : Toulouse → Moissac / Valence-d’Agen Distance : 80–100 km On peut pousser jusqu’après Moissac si on démarre tôt.
- Jour 2 : Moissac → Marmande / Meilhan Distance : 90–110 km Bonne journée de canal sans grosse difficulté. Attention à la lassitude et au vent.
- Jour 3 : Marmande → Bordeaux Distance : 70–90 km Possible de boucler en 2 jours en forçant un peu (120–140 km/jour), mais ce sera surtout du “roulage” sans trop de visites.
Version “glouton du kilomètre” – 1,5 à 2 jours
Profil : cycliste entraîné (BRM, longues distances), qui veut tester une première itinérance roulante ou caler une mini-diagonale.
- Jour 1 : Toulouse → Agen / Marmande Distance : 110–150 km
- Jour 2 : Reste du trajet jusqu’à Bordeaux Vous pouvez viser un Toulouse–Bordeaux dans la journée (250–270 km) si vous êtes à l’aise avec ce genre de distance et que la météo suit.
Dans ce cas, le canal est un bon terrain d’entraînement : pas de dénivelé, gestion de l’effort “en continu”, intérêt pour tester alimentation, confort de selle et organisation des pauses.
Où dormir ? Campings, hébergements, et options “système D”
Sur le canal de la Garonne, on ne manque pas de solutions pour dormir, mais il faut parfois anticiper un peu selon la saison.
Types d’hébergement possibles :
- Campings municipaux et privés Présents dans la plupart des grandes étapes : Toulouse (en périphérie), Moissac, Agen, Marmande, Langon… Tarifs généralement raisonnables pour une tente + vélo. Souvent, sanitaires basiques mais suffisants.
- Chambres d’hôtes / gîtes d’étape Très nombreux en Tarn-et-Garonne, Lot-et-Garonne et Gironde. Certains sont clairement orientés “cyclo” : garage vélo, point de lavage, petit-déjeuner costaud tôt le matin. En haute saison, réservation vivement conseillée, surtout autour des week-ends.
- Hôtels bon marché On en trouve surtout dans les villes (Toulouse, Agen, Marmande, Langon, Bordeaux). Pratique en cas de grosse pluie ou de pépin mécanique : vous avez plus de services autour.
- Warmshowers / hébergement chez l’habitant Si vous êtes inscrit sur la plateforme, il y a quelques hôtes le long de l’itinéraire. Pratique pour des rencontres et pour alléger un peu le budget.
Et le bivouac alors ?
Théoriquement, le bivouac sauvage est réglementé et souvent interdit le long du canal (domaine public, propriété privée, zones Natura 2000, etc.). En pratique, certains cyclistes posent la tente discrètement en fin de journée, tard le soir, repartent tôt le matin, sans feu et en laissant l’endroit propre. À chacun d’assumer ses choix, mais :
- Évitez les abords immédiats des maisons éclusières et des zones habitées.
- Ne laissez aucune trace (zéro déchet, pas de trou de toilette à la sauvage sans précaution).
- Respectez les panneaux d’interdiction explicites.
Mon conseil : si c’est votre première itinérance, privilégiez les campings et gîtes. Moins de stress, plus de confort, et vous gardez de l’énergie pour pédaler plutôt que pour chercher un spot discret à la nuit tombée.
Ravitaillement, eau et pauses : où s’arrêter ?
L’avantage de cet itinéraire : vous n’êtes jamais très loin d’un village, mais ce n’est pas non plus un supermarché en continu. Il faut anticiper les horaires, surtout en milieu de journée et le dimanche.
Pour manger :
- Supermarchés et boulangeries dans la plupart des villes traversées : Castelsarrasin, Moissac, Valence-d’Agen, Agen, Damazan, Marmande, La Réole, Langon…
- Guinguettes d’écluse ou petits restos au bord de l’eau : très agréables pour un déjeuner, mais ouverts surtout en saison (printemps–été) et pas forcément 7 jours sur 7.
- Prévoyez toujours un plan B dans les sacoches : barres, biscuits, fruits secs, une boîte de sardines ou une portion de semoule, ce qui vous convient.
Pour l’eau :
- Beaucoup de villages ont encore des fontaines, parfois non indiquées. Cherchez autour des places, des églises ou des stades.
- Les cimetières sont souvent les meilleurs points d’eau “planqués” : robinet presque toujours présent et fonctionnel.
- Demander aux habitants ne pose aucun problème : en France, on remplit très facilement une gourde en demandant gentiment.
En été, partez avec au moins 2 litres sur le vélo, surtout sur les sections un peu plus isolées entre deux bourgs.
Quel vélo et quel matériel pour le canal de la Garonne ?
On peut quasi tout passer sur cet itinéraire, du vélo de route au VTC en passant par le gravel et le VAE. Mais certains choix sont plus confortables que d’autres.
Vélo :
- Idéal : gravel / VTC / randonneuse avec pneus entre 32 et 40 mm. Vous serez à l’aise sur les portions en gravier ou un peu racinées.
- Vélo de route : faisable, mais privilégiez des pneus de 28 mm si possible. Certaines sections peuvent secouer un peu.
- VAE : parfait si vous gérez bien l’autonomie. Il y a des dénivelés faibles, mais des journées longues. Assurez-vous de pouvoir recharger tous les soirs (hébergement avec prise accessible).
Matos utile (testé et approuvé sur ce type d’itinéraire) :
- Éclairage avant/arrière rechargeable, même si vous ne roulez pas de nuit : tunnels courts, brouillard, routes partagées.
- Garde-boue si risque de pluie : les chemins en bord de canal deviennent vite salissants.
- Antivol correct (type U moyen + câble) : les villes étapes sont fréquentées.
- Kit de réparation complet : – 2 chambres à air – rustines + colle – démonte-pneus – multi-outil avec dérive-chaîne – maillon rapide adapté à votre chaîne
- Vêtements adaptés aux soirées fraîches : même l’été, ça peut vite tomber en température après une journée de chaleur.
- Casquette ou sous-casque + lunettes : beaucoup de sections exposées au soleil.
- Répulsif moustiques : sur certains tronçons de canal, le soir, ça peut être sportif.
Si vous campez :
- Tente légère 1–2 places, facile à monter/démonter.
- Duvet adapté à 5–10 °C de confort pour être large (les nuits fraîches de mi-saison surprennent).
- Matelas gonflable ou mousse avec bonne isolation.
Traces GPS, cartographie et navigation
Le canal est balisé, mais ne comptez pas uniquement sur les panneaux. Une trace GPS fiable est un vrai plus, surtout pour :
- les sorties / entrées de villes,
- les raccords entre canal, petites routes et pistes cyclables,
- les variantes d’itinéraire pour rejoindre un hébergement.
Où trouver des traces :
- Sites officiels des véloroutes (Scandibérique / V80).
- OpenStreetMap / OpenCycleMap sur un GPS type Garmin, Wahoo ou une appli smartphone (OsmAnd, Komoot, etc.).
- Retours d’autres cyclistes sur Strava ou sur des blogs de voyage à vélo.
Astuce simple : chargez 2 versions de la trace (une principale, une de secours) et emportez une carte papier simplifiée (niveau carte touristique) pour visualiser les grandes lignes, notamment les gares et les grandes villes en cas de changement de plan.
Erreurs fréquentes sur le canal de la Garonne (et comment les éviter)
Quelques pièges classiques que je vois souvent sur ce genre d’itinéraire :
- Sous-estimer la monotonie Même si c’est facile physiquement, le mental peut décrocher. Variez : – Faites une pause café dans les villages. – Alternez bord de canal et petites routes quand c’est possible. – Fixez-vous des micro-objectifs (prochaine écluse, prochain village, etc.).
- Partir trop chargé Sur 3–5 jours, inutile de transformer le vélo en mulet. – 2 tenues vélo max (une sur vous, une qui sèche). – Peu de “au cas où” : vous trouverez de quoi acheter en route. – Matos réparations oui, gadgets non.
- Ignorer la météo Même avec peu de dénivelé, rouler 80 km sous 35 °C ou dans le vent de face, ça use. – Départ tôt le matin en cas de forte chaleur. – Si un gros épisode orageux est annoncé, prévoyez un plan “journée courte + hôtel”.
- Ne pas réserver en haute saison En juillet-août, les zones touristiques peuvent être pleines. – Un coup de fil la veille pour le lendemain suffit souvent. – Au pire, vous adaptez votre étape de 10–20 km selon les dispos.
- Mal gérer les pauses Trop de pauses : vous finissez tard, fatigué, en cherchant un hébergement au dernier moment. Pas assez : vous arrivez rincé, plus envie de rien. – Visez une pause courte toutes les 1h30–2h pour boire, manger quelque chose, bouger un peu.
Un itinéraire idéal pour se faire la main en voyage itinérant
Le canal de la Garonne coche à peu près tout ce qu’on cherche pour une première, ou pour un voyage “simple” :
- itinéraire balisé, presque tout le temps en site propre,
- pas de grosses difficultés physiques,
- hébergements et ravitaillement réguliers,
- nombreuses gares pour couper, écourter ou rallonger selon la forme.
Si vous voulez tester votre matos de bikepacking, une nouvelle selle, une paire de pneus, ou la gestion de plusieurs jours en autonomie relative, c’est un bon labo à ciel ouvert. Vous pourrez ajuster facilement : sauter une étape, faire un aller-retour, ou revenir en train sans transformer l’aventure en galère logistique.
Et surtout, vous aurez coché une vraie traversée le long d’un canal historique, avec des kilomètres de platanes, de ponts-canaux, de péniches et de petits villages tranquilles. De quoi donner envie de viser plus long la prochaine fois : pourquoi pas la totale Méditerranée–Atlantique ?
