Canal de Nantes à Brest à vélo : repères, distances et profil
Le canal de Nantes à Brest, c’est une grosse colonne vertébrale pour traverser la Bretagne d’est en ouest sans se soucier des voitures. Du côté vélo, on parle d’environ 360 à 380 km selon les variantes, quasiment tout en site propre, avec un dénivelé très raisonnable : entre 1500 et 2000 m D+ au total, étalés sur des petites bosses et les passages d’écluses.
En pratique, la plupart des cyclistes roulent :
- de Nantes à Brest (ou l’inverse) sur ~365 km
- ou de Nantes à Carhaix / Châteaulin si on veut raccourcir
- ou encore en combinant avec la Vélodyssée / V7 pour faire une boucle.
Le profil est globalement plat, mais ce n’est pas une voie verte de cartes postales du début à la fin. On alterne :
- chemin de halage parfois étroit, parfois un peu cassant
- portions bien roulantes en gravier fin ou stabilisé
- quelques sections goudronnées
- et des détours sur petites routes quand le halage n’est pas cyclable.
Pour quelqu’un qui roule un peu déjà en rando, prévoir :
- 4 à 5 jours cool (70–90 km par jour) avec des pauses visites
- 3 jours dynamiques (120–140 km par jour) si on veut “avaler” le canal
- 7 jours si on débute ou si on voyage en famille.
On est loin d’un col alpin, mais attention à deux points : la répétition des petites montées / descentes aux écluses, et la fatigue mentale quand on enchaîne 50 km de halage rectiligne. On sous-estime souvent les lignes droites.
Dans quel sens rouler et comment gérer la logistique
La question qui revient tout le temps : Nantes → Brest ou Brest → Nantes ?
Sur le papier, le profil est très légèrement montant en allant vers l’ouest, mais la différence est négligeable. Le vrai critère, c’est le vent dominant et la logistique.
Vent :
- En Bretagne, le vent vient plus souvent de l’ouest / sud-ouest.
- Donc statistiquement, rouler de Brest vers Nantes donne plus de chances d’avoir le vent dans le dos.
- Mais on parle de météo, pas de mathématiques : on peut aussi se prendre 4 jours de vent d’est…
Train et accès :
- Nantes : accès TGV et TER facile avec les vélos, beaucoup de trains, grande ville.
- Brest : accès ferroviaire correct, TER Bretagne assez vélo-friendly, mais moins de choix d’horaires qu’à Nantes.
- Option pratique : arriver la veille à Nantes, dormir en centre-ville, partir tôt le lendemain le long de l’Erdre.
Pour un premier canal de Nantes à Brest, un montage simple :
- Train jusqu’à Brest, départ le lendemain vers l’est
- Arrivée à Nantes, train retour plus simple et plus fréquent
À adapter en fonction de là où vous habitez et des grèves SNCF du moment…
Itinéraire détaillé : tronçon par tronçon
Les distances ci-dessous sont indicatives. Elles varient en fonction des variantes, des détours et de votre GPS.
Nantes – Blain (~55 km, +150 m D+)
On quitte Nantes par l’Erdre, puis le canal de Nantes à Brest apparaît rapidement. Les premiers kilomètres sont très roulants, à la fois urbains et périphériques, avec pas mal de monde à pied et en vélo si c’est un week-end.
Points à noter :
- Revêtement le plus souvent correct, gravier ou stabilisé, parfois goudronné.
- Beaucoup de possibilités d’eau et de ravito (Nantes, Sucé-sur-Erdre, Nort-sur-Erdre).
- À partir de Nort-sur-Erdre, l’ambiance devient plus calme, plus “canal” que “piste cyclable de ville”.
Idée de fin d’étape : Blain est un bon point de chute : commerces, hébergements, camping. Pratique pour une première journée de 50–60 km si on a pris un train le matin.
Blain – Redon (~75 km, +250 m D+)
On entre dans le dur du canal : succession d’écluses, alternance de bois, champs et hameaux. C’est joli, mais il faut accepter la répétition. Les villages sont un peu plus espacés.
Revêtement :
- Chemin de halage parfois plus étroit et un peu raciné.
- Par temps humide, quelques portions peuvent être grasses, surtout en sortie d’hiver.
- Vélo de route pur (pneus de 25) fortement déconseillé. Un 32–35 mm passe encore, au-dessus de 35 mm on est tranquille.
Ravito :
- Prévoir de l’eau et un minimum de nourriture, on ne traverse pas un village tous les 10 km.
- Redon est un gros carrefour, on y trouve tout (courses, gare, hébergements).
Cette section peut être longue mentalement. Perso, c’est ici que je commence souvent à gérer un peu plus la position sur le vélo (mains, dos) pour éviter les petites douleurs de fin de journée.
Redon – Josselin (~80 km, +300 m D+)
On quitte légèrement le côté “ligne droite infinie” et on retrouve plus de variété. Le canal remonte vers le nord, les paysages deviennent plus vallonnés et les écluses s’enchaînent.
À surveiller :
- Quelques détours sur route quand le halage n’est pas cyclable.
- Quelques passages un peu cassants, avec ornières et cailloux.
- Par fortes chaleurs, l’ombre n’est pas garantie partout : casquette ou casque aéré bienvenus.
Josselin :
- Ville très sympa, château au bord du canal, ambiance médiévale.
- Bon endroit pour dormir et faire une vraie pause (boulangeries, restaurants, camping, gîtes).
Si vous devez vous octroyer une après-midi “touriste” sur le canal, Josselin est dans le trio de tête avec Pontivy et Châteaulin.
Josselin – Pontivy (~65 km, +300 m D+)
On reste dans une ambiance assez rurale, avec quelques belles perspectives sur les vallons bretons. C’est une section souvent appréciée : moins monotone, plus de relief autour, mais sans que ça grimpe vraiment pour le cycliste.
Terrain :
- Halage globalement praticable, mais parfois un peu herbeux sur certains tronçons.
- Après plusieurs jours de pluie, les pneus larges (40–45 mm) font la différence sur le confort et la stabilité.
À Pontivy :
- Grosse ville du canal, on y trouve tout pour refaire le plein (courses, mécanique vélo, pharmacie).
- Ville agréable pour une nuit, et point de sortie si besoin de prendre bus ou train plus loin.
À ce stade, sur un trip de 4–5 jours, la fatigue commence à se faire sentir. C’est souvent le moment où les petits défauts de matos ressortent : selle moyenne, sacoches qui ballotent, mains engourdies, etc.
Pontivy – Carhaix (~80 km, +400 m D+)
C’est l’un des tronçons les plus intéressants du point de vue “aventure”. On remonte vers les Monts d’Arrée, le canal devient plus sauvage, moins fréquenté. On sent qu’on s’éloigne des zones densément habitées.
Points clés :
- Plusieurs déviations sur petites routes, parfois avec de petites côtes.
- En cas de crue ou de travaux, certains tronçons de halage peuvent être fermés ponctuellement : garder une trace GPS à jour ou vérifier le site des voies navigables.
- Ravitaillement un peu plus rare : anticiper eau + nourriture.
Carhaix :
- Ville connue pour les Vieilles Charrues, mais aussi bon point de base logistique.
- Correspondances avec d’autres itinéraires (Vélodyssée, voies vertes).
Ambiance parfois très calme (comprendre : personne) en semaine hors saison. Si vous n’aimez pas rouler seul, prévoyez un compagnon de route ou un bon podcast.
Carhaix – Châteaulin / proximité Brest (~75–90 km, +350 m D+)
La fin du canal se fait en glissant petit à petit vers la rade de Brest ou vers l’Aulne côté Châteaulin, selon la variante choisie. C’est souvent l’une des plus belles portions, surtout si la météo est avec vous.
Ambiance :
- Paysages qui s’ouvrent, vallons plus marqués.
- Lumière typiquement bretonne si vous avez droit aux nuages et éclaircies en alternance.
Revêtement :
- Globalement correct, mais attention aux racines et aux rigoles de ruissellement sur les pentes.
- De petites sections peuvent surprendre si vous arrivez lancé en vélo chargé.
L’arrivée à Brest par les itinéraires cyclables officiels demande un peu de vigilance (trafic, carrefours, pistes pas toujours évidentes). Quand on est fatigué, le risque de faute d’inattention augmente, donc on se calme dans les derniers kilomètres.
Les plus beaux tronçons (et ceux qui peuvent lasser)
Sur un canal, la beauté du tracé dépend aussi de ce qu’on aime. Mais en général, les retours se recoupent :
À ne pas manquer :
- La sortie de Nantes par l’Erdre, tôt le matin, quand la lumière accroche l’eau.
- Les abords de Josselin : château, village, ambiance au bord de l’eau.
- Le secteur entre Pontivy et Carhaix, plus sauvage.
- Les derniers kilomètres en arrivant vers Châteaulin / Brest, avec la sensation d’aboutir quelque part.
Les tronçons qui peuvent sembler longs :
- Blain – Redon, par temps gris et sans vent : c’est efficace, mais répétitif.
- Quelques lignes droites interminables de halage herbeux où on a l’impression de pédaler sur place.
Astuce simple : découper mentalement la journée non pas en kilomètres, mais en “écluses” ou en “villes”. Par exemple : “jusqu’à la prochaine écluse, je reste en petit plateau tranquille et je bois un demi-bidon”. Ça occupe le cerveau et ça évite de s’user mentalement à regarder le compteur.
Quel vélo et quel matériel pour le canal de Nantes à Brest ?
Bonne nouvelle : pas besoin d’un gravel à 4000 €. Un vélo simple mais fiable fait largement le job. Par contre, certains choix facilitent vraiment la vie.
Type de vélo recommandé :
- VTC / vélo de randonnée avec œillets pour porte-bagages
- Gravel / voyage avec pneus entre 35 et 45 mm
- VTT semi-rigide monté en pneus rouleurs si vous avez déjà ça dans le garage
Vélo route exclusivement bitume (25–28 mm) : possible en acceptant de sortir souvent du halage pour rejoindre les petites routes, mais on perd l’intérêt du canal. Et on augmente la fatigue (vibrations, chocs).
Pneus :
- Section idéale : 38–42 mm pour un bon compromis confort / rendement.
- Profil : semi-slick ou crampons très bas suffisent largement.
- Montage tubeless recommandé si vous avez : ça limite les soucis d’épines et petites crevaisons.
Transmission :
- Un développement court est utile quand on est chargé : type 34×34 ou 1x avec petit pignon de 40–42.
- Les côtes ne sont jamais longues, mais en fin de journée, on apprécie de mouliner plutôt que d’arracher.
Bagages : ce qui sert vraiment sur 3 à 5 jours
Sur ce type de parcours, rares sont ceux qui regrettent d’avoir voyagé trop léger. À l’inverse, il y a toujours un t-shirt ou une deuxième paire de chaussures qu’on aurait pu laisser à la maison.
Sacoches :
- 1 porte-bagages arrière + 2 sacoches étanches : base simple et efficace.
- Option : petite sacoche de guidon pour téléphone, barres, papiers, carte.
- Le bikepacking intégral est possible, mais pas indispensable ici.
Vêtements (été / mi-saison) :
- 2 cuissards (pour alterner et laisser sécher)
- 2 maillots / t-shirts techniques
- 1 couche thermique légère (micro-polaire ou laine mérinos fine)
- 1 veste imperméable respirante (vraiment imperméable)
- 1 short ou pantalon léger pour le soir
- 1 paire de tongs / sandales légères pour reposer les pieds
- Chaussettes : 3 paires max, à laver en tournant
Matériel spécifique canal :
- Anti-moustiques : les bords d’eau en soirée peuvent être très “vivants”.
- Lunettes transparentes (ou verres photochromiques) pour les insectes et branches basses dans les zones boisées.
- Éclairage avant / arrière correct, même si vous prévoyez de ne pas rouler de nuit : un imprévu arrive vite.
- Chiffon + petit flacon d’huile pour la chaîne : poussière + humidité = grincements.
Réparation / sécurité :
- 2 chambres à air + rustines
- 1 multi-outil avec dérive-chaîne
- 1 petit outil pour raccourcir un maillon si la chaîne casse
- Serre-câbles (colliers rilsan) et un peu de duck-tape enroulé autour d’une pompe : ça sauve presque tout
Pas besoin d’outillage énorme : on reste en France, avec des villes tous les 30–40 km. Mais une crevaison à 19 h sous la pluie à 10 km du camping, ça se gère mieux quand on a de quoi faire.
Gestion de l’effort, de la météo et des galères classiques
Effort :
- Ne vous laissez pas piéger par le “profil plat” : 100 km de plat contre un vent de face valent bien 2000 m de D+ parfois.
- Partir tranquillement les 2 premières heures, surtout le premier jour : le canal est fait pour durer, pas pour un sprint.
- Pause toutes les 1 h 30 – 2 h : grignoter, s’étirer un peu, vérifier état du vélo.
Météo :
- Pluie bretonne : souvent intermittente, mais persistante. Toujours avoir une veste accessible rapidement (pas au fond de la sacoche du bas).
- Chaleur : moins fréquente, mais possible. Sur le halage sans ombre, ça tape vite. Casquette sous le casque + crème solaire sur nuque / bras.
- Vent : c’est lui qui fait la loi sur ce genre d’itinéraire. Adapter la distance quotidienne en fonction de ce que vous avez dans la tronche à 14 h.
Galères fréquentes :
- Boue : après plusieurs jours de pluie, certains passages deviennent pâteux. Réduire la pression des pneus légèrement peut aider (par exemple passer de 4 bar à 3 bar sur un 40 mm).
- Crevaisons : ronces, débris, parfois verre. D’où l’intérêt de pneus un peu costauds.
- Perte de motivation au milieu d’un long halage : musique, podcast, ou juste accepter que ce n’est pas le moment le plus fun de la rando. On a tous un passage “à vide” sur un canal.
Un bon réflexe : si tout vous agace (revêtement, météo, bruit du dérailleur), c’est souvent que vous avez faim ou soif. Arrêt 10 minutes, snack, boisson, ça remet souvent les idées en place.
Pour qui est fait le canal de Nantes à Brest ?
Ce parcours est adapté à beaucoup de profils, à condition d’ajuster la distance quotidienne :
- Débutants en voyage à vélo : oui, s’ils acceptent de rouler doucement (40–60 km / jour) et de bien préparer hébergements et ravito.
- Familles : possible sur des sections ponctuelles, mais attention à la monotonie pour les enfants sur de longues étapes.
- Cyclistes entraînés : itinéraire parfait pour travailler l’endurance en continu, sans grosses difficultés techniques.
Ce n’est pas la rando la plus spectaculaire d’Europe, mais c’est un très bon terrain d’apprentissage : navigation simple, logistique gérable, risques limités, paysages calmes. Et on peut monter en gamme ensuite : voies vertes plus sauvages, voyages plus longs, relief plus marqué.
Si vous préparez votre première vraie rando à vélo et que l’idée de gérer 4 à 5 jours de suite vous inquiète un peu, le canal de Nantes à Brest est un bon test. Vous verrez rapidement si votre matériel tient la route… et si l’envie de repartir plus loin vous démange dès l’arrivée à Brest ou à Nantes.
