Pourquoi la Bretagne est parfaite pour un séjour vélo itinérant
Si tu cherches un coin en France où enchaîner plusieurs jours de vélo sans t’ennuyer, la Bretagne coche pas mal de cases : côtes sauvages, petites routes tranquilles, villages bien équipés, météo parfois caractérielle mais rarement extrême, et surtout un bon réseau de voies vertes pour se reposer des départementales.
On va parler ici d’un séjour itinérant de 5 à 7 jours, avec un mix de :
- côtes découpées et paysages maritimes bien costauds
- petites routes de l’arrière-pays, souvent désertes
- voies vertes pour « souffler » entre deux journées vallonnées
Objectif : un circuit réaliste, faisable par un cycliste un minimum entraîné, avec sacoches, sans passer ses journées à regarder le compteur de watts.
À quel profil de cycliste ce circuit s’adresse ?
Pour situer un peu l’effort, l’itinéraire proposé tourne autour de 60 à 90 km par jour, entre 600 et 1200 m de D+ selon les étapes.
Ce circuit te conviendra si :
- tu roules déjà régulièrement (sorties de 60–80 km le week-end)
- tu n’as pas peur des bosses courtes mais parfois raides
- tu es capable de gérer 5 jours consécutifs sur le vélo
- tu roules chargé (sacoches bikepacking ou rando classique)
Si tu débutes en itinérance, tu peux facilement raccourcir certaines étapes ou ajouter une journée de pause (par exemple à Perros-Guirec ou Dinard).
Quand partir rouler en Bretagne ?
Météo bretonne = il faut accepter de ne pas tout contrôler. Mais certaines périodes sont plus adaptées.
- Mai–juin : pour moi, le meilleur compromis. Journées longues, moins de touristes, températures correctes, hébergements plus disponibles.
- Septembre : très bon aussi. Mer encore « baignable », lumière sympa, trafic routier plus léger.
- Juillet–août : possible, mais :
- plus de voitures sur la côte
- campings parfois complets
- tarifs en hausse
- Automne/hiver : faisable avec un bon équipement pluie/froid, mais il faut aimer rouler sous les grains.
Matériel : ce qui est vraiment utile en Bretagne
Pas besoin d’un monstre de bikepacking ultra-léger, mais quelques choix font la différence sur plusieurs jours de côtes bretonnes.
Vélo :
- Gravel, randonneuse ou route costaud avec pneus au moins en 28 mm
- Développements courts : idéalement un 34×32 (ou équivalent) pour grimper chargé sans exploser
Pneus :
- 28 à 35 mm, polyvalents route / chemin stabilisé
- Tubeless conseillé si tu sais gérer, à cause des gravillons et petits débris sur voies vertes
Bagagerie :
- 1 sacoche de selle + 1 sacoche de guidon + 1 frame bag ou 2 sacoches arrière classiques
- Volume utile : 25–35 L pour un trip de 5–7 jours en hébergement
Vêtements :
- 2 cuissards, 2 maillots, 1 sous-maillot respirant
- 1 veste de pluie correcte (col et poignets bien ajustés, pas juste un coupe-vent léger)
- Manchettes, jambières si départ hors pleine saison
- Un haut chaud léger (micro-polaire ou doudoune compressible) pour les soirées humides
Sécurité & pratique :
- Lumières avant/arrière (brouillard et petites routes étroites, ça arrive)
- 2 bidons de 750 ml (certains tronçons sont assez vides en points d’eau)
- Kit crevaison + dérive-chaîne + maillon rapide
- Smartphone avec appli de navigation (Komoot, OSMand, etc.) + batterie externe
Le circuit : un grand classique entre côte nord et voies vertes
Voici un exemple de séjour de 6 jours, que tu peux adapter à ton niveau. Il alterne littoral et intérieur, avec pas mal de variantes possibles.
- Jour 1 : Roscoff → Morlaix (~50 km, +450 m)
- Jour 2 : Morlaix → Perros-Guirec par la côte (~85 km, +1000 m)
- Jour 3 : Perros-Guirec → Paimpol (~70 km, +800 m)
- Jour 4 : Paimpol → Saint-Brieuc par l’intérieur (~75 km, +700 m)
- Jour 5 : Saint-Brieuc → Dinan (voie verte + petites routes, ~80 km, +600 m)
- Jour 6 : Dinan → Saint-Malo → Dinard (~55 km, +400 m, avec boucle côtière)
C’est une base. Tu peux couper, rallonger, ou ajouter une journée de farniente sur la Côte de Granit Rose ou autour de Dinard.
Jour 1 : Roscoff → Morlaix – Mise en jambes en Finistère
Distance : ~50 km | D+ : ~450 m | Surface : petites routes + voie verte
Arrivée possible en train à Morlaix, puis petit saut en TER jusqu’à Roscoff si tu veux partir vraiment de la côte.
Points clés du parcours :
- Quitter Roscoff par les petites routes vers Saint-Pol-de-Léon (jolis points de vue sur la mer)
- Viser ensuite la voie verte V7 (ancienne voie ferrée) pour rejoindre Morlaix au calme
- Entre les deux : bocage, petites bosses, rien de méchant mais ça ondule déjà
Intérêt de cette première étape :
- Journée courte pour s’installer dans le rythme, régler les sacoches, ajuster la position
- Possibilité de visiter Morlaix, stocker un peu de ravito pour le lendemain plus costaud
Jour 2 : Morlaix → Perros-Guirec – Bosse après bosse, vue après vue
Distance : ~85 km | D+ : ~1000 m | Surface : route, quelques tronçons partagés
C’est une des plus belles journées, mais aussi une des plus physiques.
Tracé recommandé :
- Sortie de Morlaix par petites routes en visant Plougasnou
- Longer la côte par Plougasnou → Primel-Trégastel → Locquirec (ça monte/descend non-stop)
- Passer ensuite par Lannion (ravito facile, gare, commerces)
- Terminer par la remontée sur Perros-Guirec
Ce qu’il faut savoir :
- Bossettes nombreuses, souvent entre 6 et 10 % sur quelques centaines de mètres
- Trafic correct hors haute saison, mais vigilance à l’entrée des bourgs
- Plusieurs points pour remplir les bidons (cimetières, places de village)
Arrivé à Perros, si tu as encore des jambes, un aller-retour léger vers Ploumanac’h sans sacoches vaut le coup pour profiter des rochers roses en fin de journée.
Jour 3 : Perros-Guirec → Paimpol – Côte de Granit Rose et estuaires
Distance : ~70 km | D+ : ~800 m | Surface : route avec passages roulants
Moins long que la veille, mais toujours bien vallonné. Journée cale-pieds / dérailleur arrière très sollicités.
Itinéraire type :
- Descendre tranquillement de Perros vers Tréguier par des petites routes
- Variante « panoramique » : contourner par la côte quand c’est possible au lieu de couper tout droit
- Tréguier : étape sympa pour une pause (boulangeries, cafés, pont sur le Jaudy)
- Continuer ensuite vers Paimpol en alternant petites routes intérieures et brefs retours sur la côte
À surveiller :
- Quelques descentes rapides et étroites, revêtement parfois moyen
- Gérer l’effort si tu as déjà bien tapé dedans la veille
- Prévoir un peu de marge horaire si tu veux pousser jusqu’à l’abbaye de Beauport à vélo
Jour 4 : Paimpol → Saint-Brieuc – On s’enfonce dans l’intérieur
Distance : ~75 km | D+ : ~700 m | Surface : majoritairement petites routes
Changement d’ambiance : on s’éloigne progressivement de la côte pour passer par un relief plus doux, en direction de Saint-Brieuc.
Idée de tracé :
- Sortie de Paimpol en visant Lanvollon par de petites départementales calmes
- Contourner Guingamp ou y faire étape selon ton timing
- Puis enchaîner par l’intérieur vers Saint-Brieuc, en privilégiant les routes blanches sur la carte IGN (faible trafic)
Pourquoi c’est une bonne journée :
- Moins de casse-pattes qu’au bord de la mer, on peut tourner les jambes sans exploser
- Possibilité de raccourcir en visant directement Saint-Brieuc par un axe un peu plus fréquenté si la fatigue se fait sentir
- Saint-Brieuc offre un bon choix en hébergements, restos et ravito pour le lendemain
Jour 5 : Saint-Brieuc → Dinan – Voie verte et vallée de la Rance
Distance : ~80 km | D+ : ~600 m | Surface : voie verte + routes
Ici, l’idée est de profiter des voies vertes bretonnes pour faire une journée plus fluide, avec moins de trafic et une fatigue musculaire moindre.
Exemple de cheminement :
- Rejoindre une section de voie verte (notamment celle qui file vers Dinan ou Dinard selon les variantes – souvent sur anciennes voies ferrées)
- Alterner segments de voie verte et petites routes pour éviter la monotonie
- Terminer par l’arrivée sur Dinan, superbe ville perchée au-dessus de la Rance
Avantages de cette étape :
- Voies vertes = pas de voitures, bon pour la tête après plusieurs jours sur la côte
- Moins de dénivelé violent, plus régulier
- Dinan est un très bon spot pour une soirée « off » : restaurants, balade à pied, visite rapide des remparts
Jour 6 : Dinan → Saint-Malo → Dinard – Boucle maritime pour finir
Distance : ~55 km | D+ : ~400 m | Surface : route et pistes cyclables
Dernière journée plus courte, pensée pour profiter du décor plus que pour faire du volume.
Tracé possible :
- Descente vers la Rance par petites routes, puis remontée progressive
- Arrivée à Saint-Malo par l’intérieur, pour éviter au maximum les axes trop chargés
- Visite rapide de la vieille ville si tu as un peu de temps (prévoir un antivol correct)
- Traversée vers Dinard (vélo + piétons sur le bateau, à vérifier selon saison/horaires)
- Petite boucle autour de Dinard pour rallonger si tu n’es pas rassasié
Tu peux choisir d’arrêter à Saint-Malo (train) ou à Dinard selon ta logistique retour.
Variantes et adaptations du circuit
Ce type d’itinéraire est facilement modulable. Quelques idées :
Pour un séjour plus court (3–4 jours) :
- Morlaix → Perros-Guirec
- Perros-Guirec → Paimpol
- Paimpol → Saint-Brieuc
- Saint-Brieuc → Dinan ou Saint-Malo
Pour un séjour plus long (7–9 jours) :
- Ajouter une journée autour de Perros-Guirec (boucles sans sacoches sur la côte)
- Ajouter une boucle depuis Dinan le long de la Rance vers Dinard/Plouër-sur-Rance et retour
- Prolonger vers le sud, en enchaînant avec des tronçons du canal d’Ille-et-Rance ou du canal de Nantes à Brest
Pour éviter au maximum le trafic :
- Privilégier les voies vertes balisées (V2, V3, V7, V45 selon les secteurs)
- Utiliser une appli de navigation qui propose un mode « vélo » avec évitement des routes principales
- Rouler tôt le matin sur les journées côtières en haute saison
Gestion de l’effort, de la bouffe et du sommeil
Sur un séjour de plusieurs jours, ce qui te met dans le rouge n’est pas toujours la plus grosse bosse, mais plutôt l’ensemble des petits détails mal gérés.
Effort :
- Ne pas se mettre dans le rouge les deux premiers jours, même si les jambes répondent bien
- Monter les bosses assis, en souplesse, surtout chargé
- Garder une marge de 10–20 km par jour par rapport à ce que tu « sais » faire sur une sortie à la journée
Nutrition :
- Petit-déj solide (pain, beurre, confiture, yaourt, fruits si possible)
- Grignotage régulier toutes les 45 min à 1 h (barres, fruits secs, biscuits pas trop secs à avaler)
- 1 vrai repas par jour, idéalement le midi si tu supportes de repartir ensuite, sinon le soir
- Hydratation : vise 2 à 3 litres/jour, plus s’il fait chaud ou venteux
Sommeil & hébergement :
- Campings nombreux sur la côte, un peu plus espacés dans l’intérieur
- Gîtes, chambres d’hôtes, hôtels : réserver en haute saison, sinon une marge de 1 jour suffit en général
- Si tu bivouaques, attention au vent près de la côte ; mieux vaut s’abriter un peu en retrait
Quelques erreurs classiques à éviter
Vu sur le terrain, plusieurs fois :
- Prévoir des étapes « logiquement » courtes sur la carte, mais blindées de bosses (la Bretagne, ce n’est pas la Beauce)
- Négliger la pluie : partir avec une simple cape jetable = gros risque de gros coup de froid après 3 heures sous un crachin continu
- Compter uniquement sur les restaurants : certains bourgs sont très calmes hors saison, mieux vaut un plan B (sandwichs, biscuits, fruits)
- Rouler trop tard sur la côte en plein été : trafic touristique + lumière rasante = combo pas top
Pourquoi ce type de circuit vaut le coup
La Bretagne se prête bien à l’itinérance parce qu’elle oblige à trouver un rythme : météo changeante, relief en montagnes russes, villages qui se succèdent sans être trop loin les uns des autres. Tu n’as pas besoin d’être un ultra-cycliste pour te faire plaisir, mais tu ne pourras pas non plus « tricher » longtemps avec la préparation et la gestion de l’effort.
Avec un vélo adapté, un minimum d’organisation et en acceptant de rouler parfois sous un grain, tu as de quoi te fabriquer un séjour de 4 à 7 jours dense, varié et franchement satisfaisant. Et normalement, à la fin, tu regarderas une carte de Bretagne en te disant : « OK, la prochaine fois, on rallonge de quelques jours par là. »