Sur le blog je parle surtout de vélo, mais dès qu’on descend de selle, il faut bien marcher. Pour les courses, les bivouacs, les visites en voyage, ou tout simplement pour s’entraîner au quotidien. Depuis quelques années, je suis passé aux chaussures minimalistes, et deux modèles reviennent souvent dans les questions que je reçois : les Hobibear et les Saguaro.
Les deux sont bon marché, très souples, avec une semelle fine et une grosse promesse de « barefoot » abordable. Sur le papier, ça se ressemble. Sur le terrain, pas tant que ça.
Voici un retour d’expérience orienté pratique, après plusieurs centaines de kilomètres de marche et de rando avec ces deux paires, sur route, chemin et sentier un peu technique.
Minimalistes Hobibear et Saguaro : de quoi parle-t-on exactement ?
Je ne parle pas ici de modèles précis (ils changent de nom tous les trois mois), mais de deux familles de chaussures : les Hobibear « style barefoot » qu’on trouve sur Amazon, et les Saguaro minimalistes typées trail / rando légère.
En gros :
- Drop nul ou quasi nul
- Semelle fine (4 à 7 mm selon les versions)
- Chaussant plutôt large à l’avant-pied
- Poids léger (200–280 g la chaussure environ en 42)
- Prix moyen entre 30 et 60 € selon promos
Si tu cherches une chaussure pour sentier, voyage en mode sac à dos, ou marche active au quotidien, les deux peuvent faire le job. Mais pas dans les mêmes conditions.
Fit, confort, sensations : laquelle au quotidien ?
Niveau confort immédiat, Hobibear gagne sur un point : on a l’impression d’enfiler un chausson. Tige souple, peu de renforts, gros effet « pantoufle de sport ».
Côté Saguaro, c’est un peu plus structuré : mesh plus dense, parfois un pare-pierre avant léger, col un poil plus rigide. On sent qu’elles sont pensées pour prendre un peu plus de mauvais traitements.
Sur le terrain, ça donne quoi ?
Pour la marche urbaine / quotidienne :
- Hobibear : très agréables en ville, sur trottoir, pour aller au boulot ou se balader. On les oublie vite aux pieds.
- Saguaro : un peu plus « techniques » dans le look, mais tout aussi viables en usage quotidien. La semelle accroche un peu mieux sur sol mouillé.
Pour les longues journées debout (voyage, visites) :
- Hobibear : si tu n’es pas habitué au minimalisme, la semelle très souple et parfois un peu fine peut fatiguer la voûte plantaire sur la durée.
- Saguaro : amorti toujours minimaliste, mais semelle souvent un poil plus épaisse ou plus rigide, ce qui donne un peu plus de soutien passif sur la journée.
Sur le plan des sensations « pieds libres », les deux y sont. On sent le sol, les irrégularités, les cailloux, la texture. Si tu viens de chaussures classiques à gros amorti, la transition est à faire doucement avec l’une comme avec l’autre.
Semelle et adhérence : où les limites apparaissent
La grosse différence entre Hobibear et Saguaro se voit sous la chaussure.
Hobibear :
- Semelle lisse à moyennement crantée selon les modèles
- Caoutchouc assez tendre, usure visible sur bitume après 200–300 km de marche active
- Adhérence correcte sur sec, moyenne sur mouillé, très moyenne dans la boue
Saguaro :
- Profil plus agressif, avec de vrais crampons (même si ça reste loin d’une chaussure de trail haut de gamme)
- Meilleure accroche sur sol humide, terre meuble, gravier
- Usure plus lente, surtout si alternance route / chemin
En pratique :
- Pour une promenade de 10 km sur canal, voie verte, petites routes : Hobibear suffit largement.
- Pour une rando à la journée sur sentier caillouteux, descentes un peu raides, terrain varié : Saguaro prend l’avantage. On limite les glissades et on garde plus de confiance à la pose de pied.
Sur mes sorties mixtes (portion route + sentier forestier + pierrier facile), j’ai clairement moins réfléchi à l’adhérence avec les Saguaro. Avec les Hobibear, je fais plus attention dès que ça penche ou que ça devient gras.
Protection : combien de cailloux dans les orteils tu acceptes ?
Minimaliste ne veut pas dire maso. La vraie question : jusqu’où tu veux sentir le terrain sans finir les orteils explosés ?
Hobibear :
- Semelle fine, peu de protection sous le métatarse
- Peu ou pas de pare-pierre à l’avant
- Les petits cailloux se sentent bien, les plus pointus aussi
Saguaro :
- Semelle parfois un peu plus dense, avec un profil de crampons qui filtre une partie des chocs
- Avant renforcé sur la plupart des modèles, ce qui sauve quelques orteils sur les sentiers pierreux
- Sensation de terrain toujours présente, mais un chouïa moins brutale
Sur piste roulante ou chemin de terre, aucune des deux ne pose souci. Mais sur 20 km de sentier caillouteux, mes pieds remercient les Saguaro. Avec les Hobibear, ça reste faisable, mais on est plus vigilant, plus crispé parfois.
Durabilité : combien de saisons espérer ?
On reste sur des chaussures entre 30 et 60 €. Il ne faut pas rêver de la durée de vie d’une paire à 150 €. Mais il y a des nuances.
Hobibear, en gros :
- Semelle : usure rapide sur route. Pour de la marche quotidienne en ville, compter 6 à 9 mois d’usage intensif avant que la semelle soit vraiment rincée (plus tôt si tu traînes les pieds).
- Tige : mesh léger qui peut se détendre assez vite. Risque de voir apparaître des trous au niveau des plis ou près des petits orteils sur les trajectoires un peu tordues.
Saguaro :
- Semelle : meilleure longévité, crampons qui s’émoussent mais gardent un minimum d’accroche après plusieurs centaines de kilomètres.
- Tige : un peu plus costaude, renforts mieux placés, moins de risque de déchirure sur les sentiers avec branches, pierres, etc.
Si tu comptes les utiliser surtout pour :
- Ville + chemins faciles le week-end → Hobibear peut suffire, surtout si tu aimes alterner les paires.
- Rando régulière, week-ends prolongés, GR sur plusieurs jours → Saguaro est plus rassurante, surtout niveau semelle et pare-pierre.
Poids, encombrement et usage en voyage
Pour le voyage à vélo ou sac à dos, chaque gramme compte, mais chaque litre dans le sac compte aussi.
Les deux ont un gros avantage : elles se compressent bien.
- Poids Hobibear (environ, en 42) : 220–250 g par chaussure
- Poids Saguaro (environ, en 42) : 240–280 g par chaussure
La différence se joue à quelques dizaines de grammes, pas de quoi changer la donne sur un voyage de plusieurs jours. Par contre :
- Les Hobibear sont souvent plus souples : on peut presque les rouler en boule dans un sac, parfaites comme paire de secours ou comme chaussures d’étape.
- Les Saguaro gardent un peu plus de structure : elles prennent un peu plus de place, mais restent très compactes par rapport à une paire de trail classique.
En voyage à vélo, je vois bien ce schéma :
- Paire principale pour pédaler + Hobibear dans la sacoche pour les visites, les courses, la vie au camping/bivouac.
- Ou, si tu pédales déjà en sandales / pédales plates : Saguaro comme paire unique marche + rando, pour pouvoir enquiller des journées à 20–25 km à pied sans souci.
Transition vers le minimalisme : un point à ne pas négliger
Que tu choisisses Hobibear ou Saguaro, la règle est la même : si tu viens de chaussures classiques à talon haut et gros amorti, il faut une transition. Sinon, tendinites, mollets en feu et plantaires qui râlent.
Quelques repères réalistes :
- Semaine 1–2 : marche quotidienne courte (1–3 km) en minimalistes, le reste du temps en chaussures habituelles.
- Semaine 3–4 : sorties de 5–8 km maxi, terrain plutôt souple, éviter les descentes longues au début.
- Après 1–2 mois : on peut viser des journées à 10–15 km si les mollets suivent et qu’il n’y a pas de douleur anormale.
À ce petit jeu-là, Hobibear est parfois plus piégeuse : la sensation « chausson » peut te pousser à en faire trop trop vite. Les Saguaro, un peu plus fermes, rappellent plus vite que le pied travaille.
Quelle paire pour quel type de randonneur ?
Tu peux très bien avoir les deux dans ton « arsenal », mais si tu dois trancher, voilà comment je vois les choses après usage :
Plutôt Hobibear si :
- Tu cherches une première paire minimaliste pas chère pour tester le concept.
- Tu fais surtout de la marche urbaine, des balades sur voie verte, du voyage en mode tranquille.
- Tu veux une paire ultra souple, facile à glisser dans un sac, pour les étapes et l’usage « campement » en rando ou en voyage à vélo.
- Tu priorises le confort immédiat et le côté « chausson » à la robustesse.
Plutôt Saguaro si :
- Tu veux vraiment marcher et randonner avec, sur des parcours à la journée ou plusieurs jours.
- Tu roules sur des terrains variés : terre, cailloux, boue, sentiers un peu techniques.
- Tu acceptes une chaussure un peu moins souple, mais plus durable et mieux protégée.
- Tu veux une seule paire polyvalente ville + rando légère + voyage.
En résumé brutal : Hobibear = ville et chemins faciles. Saguaro = sentier et rando sérieuse (mais toujours en mode minimaliste, donc sans chercher la haute montagne technique).
Quelques exemples concrets de sorties adaptées à chaque modèle
Pour rendre ça plus clair, voici le type de sortie où je prendrais l’une ou l’autre sans me poser de questions :
Scénarios Hobibear :
- 10 km de marche rapide sur voie verte, profil plat, sac léger < 5 kg.
- Voyage à vélo : trajets à pied pour les courses, la visite de ville, les soirées au camping.
- Balades du quotidien : parc, centre-ville, courses à pied (au sens littéral…).
Scénarios Saguaro :
- Rando à la journée : 18–25 km, 400–700 m de D+, terrain mixte (chemin forestier, sentier caillouteux, un peu de route).
- Bivouac léger : marche avec sac de 8–12 kg, sentiers un peu cassants.
- Week-end rando type GR fractionné, avec quelques descentes raides où l’adhérence et le pare-pierre comptent.
Évidemment, tu peux faire un GR avec des Hobibear et flâner en ville avec des Saguaro. Mais si tu veux minimiser les galères, c’est dans ce sens que je les oriente.
Et pour la taille, les chaussettes, les petits détails qui fâchent ?
Deux points pratiques souvent zappés dans les avis rapides :
Pointure :
- Hobibear : tendance à tailler un peu petit ou juste. Si tu es entre deux tailles, je conseille souvent de prendre la taille au-dessus.
- Saguaro : la plupart des modèles ont un chaussant assez large à l’avant. Là aussi, vérifier les avis, mais la taille est souvent plus « standard ».
Chaussettes :
- En minimaliste, une bonne paire de chaussettes fines ou moyennes change tout. Évite les grosses chaussettes de montagne, tu perds tout l’intérêt de la sensation de sol.
- Attention aux coutures internes des Hobibear : avec des chaussettes trop fines, certains pieds sensibles peuvent sentir des frottements.
Entretien :
- Les deux passent en machine à 30 °C dans un filet, mais je recommande de le faire le moins souvent possible pour préserver les colles.
- Séchage à l’air libre, loin des radiateurs. Les Saguaro supportent un peu mieux les lavages répétés.
En pratique, que choisir entre Hobibear et Saguaro ?
Si je devais simplifier pour un lecteur qui prépare sa saison rando/marche :
- Tu veux tester le minimalisme sans te ruiner, pour marcher en ville, en terrain facile, ou avoir une paire ultra-compacte pour le voyage : Hobibear.
- Tu sais déjà que tu vas marcher longtemps, charger un peu le sac, aller sur des sentiers un minimum techniques, et tu veux limiter les risques de glissades ou de orteils massacrés : Saguaro.
Dans mon usage perso, si je ne devais garder qu’une seule paire pour marcher et randonner, je garderais les Saguaro. Elles font un peu de tout, encaissent mieux les mauvais traitements, et je peux sans problème faire 25 km en terrain mixte avec.
Les Hobibear restent intéressantes comme paire secondaire : parfaites en ville, pratiques en voyage, agréables en fin de journée quand on a envie de passer en mode « pieds libres » sans chaussures rigides.
Comme toujours avec le minimalisme : vas-y progressivement, écoute tes mollets, et garde en tête que la meilleure chaussure reste celle qui te donne envie de sortir souvent, pas celle qui fait le plus de vues sur Instagram.